9/27/2007

Queen Of The Modern Age


PJ Harvey, la dernière grande prêtresse du rock, est de retour trois ans après le décevant (comparativement à sa discographie) Uh Huh Her. Mais c'est sur la pointe des pieds qu'elle nous revient, diluant sa rage dans une touchante fragilité. Indéniablement "White Chalk" est très beau. Un magnifique album crépusculaire, intimiste et subversif sur lequel la belle prouve sa volonté de se renouveler et d'évoluer, de ne pas être enfermée dans un carcan de clichés rock. Elle y atteint une plénitude rare et d'une certaine manière me rappelle Billy Corgan, qui, délesté de la batterie de Chamberlain avait su prendre tout le monde à contre pied et livrer Adore, pour moi l'un des cinq meilleurs albums des années 90. Délestée de sa guitare au profit du piano, PJ Harvey n'oublie pas pour autant de livrer des chansons toujours aussi intenses. De sa voix aigüe elle nous invite à emprunter un nouveau chemin. C'est à distance qu'on la suit, nous simples mortels, intimidés par le talent et la classe d'une femme décidemment pas comme les autres...

9/25/2007

L'arche de Noah


Si je devais emporter la discographie d’un groupe des années 2000 sur une île déserte ce serait celle d’Animal Collective. La musique de cette entité américaine à géométrie variable est la plus excitante que j’ai écoutée ces dernières années, depuis Sung Tongs. Sur leur troisième album, le groupe ouvrait de nouvelles perspectives à la musique contemporaine : punk chamanique à grattes sèches, folk aphextwinien, rythmiques africaines, pulsions électroniques et envolées psychédéliques. Pour l’album suivant, le folktronisant Feels, à l’exception de Grass et Turn Into Something , le groupe semble s’être assagi et si on pense à une signature du label Warp, c’est davantage à Boards Of Canada, dont l’album sortait aussi en 2005. C’est un peu tiré par les cheveux mais je me rappelle avoir confondu leurs titres réciproques en fin d’émission de Lenoir à l’époque. Depuis le groupe a tourné, les membres ont travaillé chacun de leur coté. Avey Tare enregistrant des EPs, Panda Bear, aka Noah Lennox, installé à Lisbonne, où vit sa copine, un LP encore non-distribué en France, touché par la grâce, comme si on avait exhumé des bandes d’enregistrements des Beach Boys d’un studio de Lee « Scratch » Perry. Et récemment le groupe s’est donné rendez vous dans le désert de l’Arizona pour accoucher de son cinquième album : Strawberry Jam. Une confiture de fraise que l’on aurait coupée à un je ne sais quoi qui donnerait presque envie de souhaiter tout le bonheur du monde à Sinsemilia, saupoudrée d’electronica, fait dans de vieux pots étiquetés Feels ou Sung Tongs selon les chansons, mais qui a la saveur de l’inédit.
Ma chronique pourrait s’arrêter là, comme ce fut le cas jusqu’à aujourd’hui. Mais c’était un peu court, un peu jean foutre sur les bords. Je vais essayer d'étoffer un peu. Je ne promets rien qu'un compte rendu résumé des sensations procurées par ce disque hors-norme. Pour aimer ce disque nul besoin d’être rompu à l’écoute d’oeuvres dites difficiles d’accès, à l’image de celle de My Bloody Valentine ou des premiers Sonic Youth diront certains. L’univers onirique créé par Animal Collective plaira aux enfants de 7 à 77 ans. On y parle de « feux d’artifices », « d’os de la paix », de « cocoricos ». Mais pas seulement, car si le propos à un minimum d’importance, l’art et la manière de le mettre en son fait toute la différence. On imagine mal Nick Drake ou Ian Curtis traiter des mêmes thèmes sur Pink Moon ou Closer. Pour Strawberry Jam, Animal Collective a travaillé à partir de samples de morceaux de freak folk psyché antédiluviens et bribes d’electronica sorties de derrière les fagots. Le tout s’entrechoque dans un joyeux bazar, où tout est à sa place : qu’il s’agisse des samples sus-cités, torturés et triturés par Panda Beardes percussions tribales de Geologist et des incantations chamaniques d’Avey Tare. Et si ce disque plaira autant à votre grand-mère qu’à votre neveu/ cousin c’est aussi tout simplement parce que sans lui le monde serait ennuyeux comme une chanson de James Blunt.

http://www.myspace.com/animalcollectivetheband

photo : http://www.midi-festival.com/?Programmation

9/19/2007

Parce que j'attends avec impatience la suite ...

9/13/2007

The Spanish Apartment


Toute ma vie je n'ai juré que par l'Angleterre. A la rigueur New York. Mais mon coeur est toujours revenu vers cette Perfide Albion qui à la fois m'a tant déçu (cette ribambelle de "next big thing" plus décevant les uns que les autres) et apporté tant d'amour (en vrac: My Bloody, les Smiths,les Libertines, les Beatles, etc...). Londres, Manchester et Liverpool formaient pour moi une sainte trinité en dehors de laquelle il n'était pas bon de partir en pélerinage. Jusqu'à... Jusqu'à ce que je prenne la peine d'écouter un petit album d'un groupe espagnol à la pochette grise comme la tristesse et que j'en revienne bouleversé. Comme les membres de Saint Etienne, Jone Gabarain et Ibon Errazkin ont choisi pour leur groupe le nom d'une ville française, en l'occurence Le Mans. Mais là où je suis tombé amoureux des anglais grâce à leurs mélodies pop et ensoleillées, Saudade de Le Mans sorti en 2004 incarne l'album de spleen absolu. La bande son rêvée d'un automne triste et pluvieux qui rimerait avec drame amoureux. Saudade s'ouvre par un Desacierto magnifique, sorte de Sometimes espagnol apaisé (!), dont la beauté époustouflante donne le ton d'un album sublime. Saudade est entré dans ma vie et n'est pas prêt d'en sortir.

http://www.myspace.com/lemansartist

9/07/2007

From Sweden with Love


Quand je ne suis pas chez moi, et que je n’ai rien emporté à écouter avec moi, je me branche sur myspace pour y trouver de la musique fraiche. Aujourd’hui j’y ai découvert New Moscow. Soit le projet solo de David Fransson, ancien guitariste du groupe suédois Division Of Laura Lee, qui a eu le droit à son quart d’heure de célébrité en figurant en bonne place, parmi tant d’autres groupes à guitare(s), dans un numéro de The Face, il y a cinq ans, quand il était de bon ton de parler du retour du rock. D’après sa bio David Fransson s'est retiré dans sa ville natale, Trollhättan, située aux confins de l’Arctique, ville-usine, une sorte de Detroit Suédois, pour écrire des chansons. Ceux qui s’attendent à « la réponse suédoise aux Stooges » seront déçus car c’est davantage vers une pop californienne fragile et élégiaque à la Death Cab For Cutie, BO idéale des instants les plus mélancoliques de The OC, que penchent les compositions de New Moscow.