5/23/2009

Triksta Genesis

Comme un air de déjà lu :

"There was, in rap, a sense of the black world rising. Unlike the blues or soul, which whites found so easy to plunder and castrate, this seemed to me incorruptible. 
Black music, black rhythms - it couldn't be fucked over. Or could it?
What I loved most the first years was the fearlessness. The best and worst thing about unleashing a form in which everyone has a voice is that 90 cent of humans, given the chance, talk absolute rubbish. No, make that 95 per cent. And, in rap, that figure may well have been higher. Right from the start, it attracted the strange and outright mad. Ten thousand tongues of Babel, all blathering at once; windbags and sickos, verbal bombthrowers, as well as the occasional prophet. But all of them ( and this was the magic ) were fantastically alive, and none were affraid to speak their own truth, however warped. This was the hip-hop I loved, and it's still alive, even if hip-hop heads ( that sad bunch of stamp collectors ) like to think otherwise. "

Can Kanye West save hip-hop ? - Nik Cohn - GQ édition anglaise Décembre 2004.


I Need Somebody To Love Tonight

5/21/2009

La ballade de l'impossible (1)

"Elle joua plusieurs bossas-novas. Pendant ce temps j'observais Naoko. Comme elle me l'avait écrit dans sa lettre, elle était en meilleure santé qu'avant, bronzée, le corps musclé par l'exercice et les travaux à l'extérieur. Seuls ses yeux limpides et profonds comme un lac et ses lèvres frémissantes de timidité n'avaient pas changé, mais dans son ensemble, sa beauté n'était pas loin d'être celle d'une femme ayant atteint la maturité. Cette espèce d'acuité qu'elle laissait parfois transparaître auparavant derrière sa beauté, comme le tranchant d'une fine lame qui vous glace, était restée loin derrière remplacée par une tranquillité particulière, faite d'une douce sérénité. Cette beauté me frappa. Et je fus abasourdi par le fait qu'une femme puisse changer à ce point en six mois seulement. La beauté nouvelle de Naoko me séduisait autant que la précédente, et peut-être même encore plus, mais, en même temps, je ne pouvais pas m'empêcher de regretter ce qu'elle avait perdu. Plus jamais ne reviendrait cette splendeur frondeuse, si particulière aux adolescentes lorsqu'elles sont à la veille de voler de leurs propres ailes."

La ballade de l'impossible - Haruki Murakami (10/18)

Bright Lights, Big City (1)

" Tu n'es pas le genre de type à trainer dans un endroit pareil, à une heure aussi tardive. Et pourtant tu es là, sans pouvoir prétendre que le lieu te soit étranger, même si les détails manquent de netteté. Te voilà même en grande conversation avec une fille au crâne rasé. Dans une boite - une boîte que tu connais, sûrement, sans savoir laquelle - le Heartbreak ? Le Lizard Lounge ? Tout pourrait s'éclaircir, si tu filais sniffer un peu de tonique poudre bolivienne aux toilettes. A moins qu'au lieu de s'éclaircir tout se brouille un peu plus. Car une petite voix intérieure te dit que si tu n'avais pas déjà forcé la dose, tu ne souffrirais peut-être pas de cette confusion chronique. La nuit a d'ores et déjà basculé sur quelque imperceptible pivot : de deux heures du matin, te voilà subitement à six. Et sans vouloir encore en convenir, tu sais déjà qu'est passé ce moment où tu as franchi les limites au delà desquelles tout n'est plus que ravages gratuits et incontrôlables tremblements nerveux. Depuis un moment tu aurais dû arrêter les frais mais tu as continué sur ta lancée, accroché à une comète de poudre blanche dont tu cherches à prolonger l'effet. "

Bright Lights, Big City - Jay McInerney ( Points)

Playlist albums :

Grouper - Dragging Up A Dead Deer Up Hill
Philip Jeck - Sand
VA - Studio One Classics

Playlist singles :
Jim O'Rourke & Kahimie Kaire - Wonderer
Spiritualized - Broken Heart

5/06/2009

L'envers du paradis

"Une étoile brilla en février. New York explosa pour lui, au jour anniversaire de Washington, de tout l'éclat d'un événement longtemps attendu. La vision d'une blancheur radieuse sur fond de ciel bleu foncé lui avait laissé une impression de splendeur qui rivalisait avec les cités de rêves des Mille et une Nuits; mais il le vit cette fois à la lumière électrique et il trouva un feu romanesque aux enseignes de Broadway, aux yeux des femmes à l'Astor où il dîna avec le jeune Paskert, de Saint-Regis. Quand ils s'avancèrent dans la salle du théâtre, accueillis par les pincements nerveux, grinçants des violons désaccordés, l'odeur lourde, sensuelle de fards et de poudre, il évoluait dans un univers de ravissement épicurien. La pièce était Le Petit Millionnaire, avec George M. Cohan, et il y avait une ravissante petite brune qui lui remplit les yeux d'extase à la voir danser."

Francis Scott Fitzgerald - L'Envers du Paradis ( Gallimard)

Annie - Anthonio ( Fred Falke Remix )