10/23/2007

M.I.A Is So Addictive

Encore une fois j’arrive après la bataille, très longtemps après la bataille. Tout le monde a eu le temps de se passer en boucle son disque, de faire crépiter la mitraillette à superlatifs, alors que moi j’écoutais le dernier Kanye West, qui a l’image du disque en question, apporte sa pierre à cet édifice en perpétuelle construction : la pop. Il s’agit bien entendu de Kala le dernier album de M.I.A, anglaise d’origine sri-lankaise, citoyenne du monde avant tout, fille de combattant tamoul, combattante à l’avant-garde de la pop contemporaine elle-même. Telle une Arundhati Roy qui aurait troqué son sari pour un ensemble fluo siglé Cassette Playa (à l’entendre elle aurait été la première ambassadrice de la république fluo), sa plume ( ?) contre un micro, M.I.A livre bataille sur le front de la musique, contre la morosité et les bégaiements de la pop à guitares. A entendre ce disque on est convaincu que la victoire ne semble plus dépendre que de l’adoption de ce disque par un plus grand nombre de fans. La partie n’est pas gagnée d’avance, mais, compte tenu des qualités de ce disque, ceci ne devrait être qu’une question de temps. Kala compte quelques points communs avec des disques ayant rencontré un succès populaire retentissant. Un groove torride, des basses rondes et lourdes, un emploi intensif des percussions, un usage gracieux des synthés, tant d’ingrédients qui ont réussi à des artistes aussi variés qu’Aliyah, Nelly Furtado, Justin Timberlake, et Missy Elliot, tous passés à un moment ou à un autre entre les mains du producteur Timbaland. La dernière ayant perdue un peu de son aura de grand manitou du hip-hop féminin, depuis qu’elle a pris ses distances de Timbo. Avec M.I.A on a non seulement d’entendre des tubes comme s’il en pleuvait, mais aussi d’écouter quelque chose d’encore plus groovy, d’encore plus neuf, un disque que l’on citera peut-être en 2023 en exemple pour donner une vague idée de ce qu’était le son des années 2000 : des éléments communs aux productions de Timbaland, mais aussi une multitude d’éléments musicaux issus des quatre coins du monde. On croit déceler dans les effluves sonores de « Paper Planes » l’influence des Chemical Brothers (« On Too Many Mornings »), on se dit que si la disco proche-orientale devait exister elle ressemblerait fort à « Jimmy » (en lisant AllMusic on apprend qu'il s'agit en fait d'un sample d'une comédie musicale indienne appelée "Disco Dancer").« $20 » est le cousin anglais, élevé dans l’east-end cosmopolite, de « My Love ». « Boyz », bâti sur une section rythmique afro d’une puissance rarement entendue, des samples de bandes-son de comédies bollywoodiennes et un refrain martial, est l’hymne mondial qui devrait faire s’agiter têtes et guibolles de Colombo à Rio en passant par Ris Orangis et Paris Texas. Quant à « Bangoo Banger », il est le tube de Missy Elliot que l’on attend depuis « Pass That Dutch ».

10/09/2007

Dirty Dancing

Bon OK. J'ai dix ans de retard. Pas grave. Mais faut dire qu'à l'époque je le prenais pour un ringard. Et puis à côté de la galaxie Daft Punk, y avait pas trop moyen pour la concurrence d'exister. Justice dernièrement avec Waters Of Nazareth ont réussi (tout du moins je le pensais jusqu'à hier) à apporter un palliatif convenable à l'absence de bombe du style Rollin' & Scratchin'. Mais ce ne sont que des petits joueurs. Ce WE mon frère est rentré à la maison, et comme d'hab' à chacune de ces visites, il y a des nouvelles découvertes en matière de musique et autant de claques que je me prends dans la gueule. Là il s'agit d'un morceau électro, son crade, basses monumentales, montée acide monstrueuse. C'est simple, pour moi c'est du niveau de Rollin' & Scratchin'. Un morceau qui vous prend aux tripes, se répercute dans tout le corps en extase et ne vous lâche plus. Trop violent pour la techtonik. Tant mieux. On est pas chez les amateurs. Au fait, il s'agit de Crispy Bacon de Laurent Garnier.

10/05/2007

Be My Baby


L'autre jour avec Gatz on discutait et on était arrivé au constat que ces derniers temps on écoutait plus que des vieilleries, les albums récents étant loin de nous apporter satisfaction. Mais c'était avant d'avoir découvert deux albums parus dernièrement. Le premier Gatz vous en a déjà parlé, il s'agit du monstrueux Graduation de Kanye West. Que dire si ce n'est qu'il tourne en boucle sur ma platine depuis le début de la semaine et que j'ai rarement autant écouté un album en si peu de temps. Mais si l'album de l'américain est surtout gorgé de tubes (c'est déjà pas mal me direz vous), on ne peut pas vraiment parler de grandes chansons. Vous savez, de celles qui vous renversent l’âme et vous accompagneront encore dans dix ans. A opposer à ces tubes racoleurs qui ne passeront pas l’hiver. Et se retrouveront sur une compil’ Top-Mega-Dance-2007 plutôt qu’au sein d’un coffret Rhino. Heureusement cette rentrée marque aussi le retour du poète maudit Pete Doherty accompagné de ses Babyshambles. La dernière star du rock revient avec Shotter’s Nation, sans aucun doute possible l’album que j’attendais le plus cette année. Depuis un concert inoubliable au Bataclan en 2005, j’entretiens un véritable culte pour le Londonien, au point d’avoir parfois été jaloux de Kate Moss. Car Doherty est pour moi le dernier représentant d’une certaine idée du rock, sincère, fragile, romantique. Cependant je ressentais une certaine crainte à l’égard de ce Shotter’s Nation. La peur d’être déçu, qu’après l’écoute d’un album faiblard la magie ne s’opère plus. C’est ce que je me suis dit après une première écoute. Bof. Mais malgré mon (plus si) jeune âge, je savais qu’il ne fallait pas se fier à cette première impression. Les grands albums se méritent. Et Shotter’s Nation un putain de bon cru. Rock’n’roll, romantique. Du pur Doherty au sommet de sa forme. Un album qui révèle toute sa sève après trois ou quatre écoutes, qui ne vous lache plus, contaminé par ces mélodies magnifiques, éternelles. Pas de tubes, ni d’hymnes, mais le sentiment d’être chez soi, parmi les siens. Je n’ai jamais aimé les phénomènes de groupe, de masse, certainement à cause du côté indé solitaire seul dans sa chambre à broyer du noir en écoutant les Smiths. Pourtant, avec la musique de Pete Doherty j’ai envie de la partager, de faire découvrir au monde ce que doit être le rock en 2007. Je discutais un jour avec des filles qui ne comprenaient pas ce que Kate Moss pouvait bien faire avec « un tacheron comme Pete Doherty ». Certes il se drogue. Mais c’est sa vie bon sang. Il en fait ce qu’il veut. Il est musicien et on a le droit de le juger que sur ce point. Et n’en déplaise à certains, il écrit des putains de chansons, uniques. J’ai donné à mon post le titre d’une chanson écrite par Phil Spector, un autre génie ayant eu des problèmes avec la justice. Et je pense que le mieux ça serait de conclure par une autre de ses chansons : « Baby I Love You ».

10/01/2007

Pop aigre douce

Photo : http://viewmorepics.myspace.com/index.cfm?fuseaction=viewImage&friendID=3871043&albumID=0&imageID=7394707

Les Softlightes est un groupe californien que j’aime bien et pourtant il ne fait aucun doute que leur album ne figurera pas dans les tops de fin d’année. Pas assez lo-fi pour la Blogothèque, pas assez sérieux/référencé pour Pitchfork, pas assez « distribué en France » pour les Inrocks, pas assez overdose dans les bras de Kate Moss pour Rock n Folk et Vogue. C’est dommage parce que la pop des Softlightes a ce zeste de douceur qui donne des envies de free hug, cette amertume qui rend les yeux humides, cette indolence qui empèse les paupières tard un soir de semaine, cet allant qui fait sauter du lit tard un dimanche matin. Une pop pour âmes sensibles.


http://www.myspace.com/thesoftlightes

Glory Box


photo : http://wc10.allmusic.com/cg/amg.dll

Vendredi soir je suis tombé sur un ancien collègue de job d’été fan de hip-hop avec qui il m’arrivait de parler de NWA et Dr Dre à la machine à café. On a discuté un brin, le temps qu’il me dise qu’il avait aimé le dernier Common, que je lui vante les mérites du dernier Kanye West, et qu’il me rétorque qu’il le trouvait un peu gnangnan. C’est peut-être la raison pour laquelle un disque de hip-hop peut plaire à un fan de pop qui en écoute rarement. Il faut dire que Graduation, le dernier Kanye West, est soulful à souhait comme on dit. Loin des guns, bling bling, bitches, et des grooves de plus en plus putassiers de l’ultra matérialiste 50 Cent, pour qui la réussite semble se mesurer à la quantité d’argent que l’on peut claquer à Monaco, Kanye West fait sa petite cuisine : synthés old-school, samples de soul méticuleusement revisités, beats moelleux, scratches de DJ Premier sur un titre (« Everything I Am »), featurings œcuméniques ( Lil Wayne pour les fans de rap dirty-south, T-Pain pour les fans de R&B à la frontière du gnangnan et du sirupeux, Mos Def pour la crédibilité underground, Chris Martin pour les blancs middle class et les Européens), et même un sample de Daft Punk que tout le monde connaît désormais. Pas grand-chose de neuf au pays de Kanye finalement. A part peut-être que ce disque est son meilleur à ce jour, qu’il compte au minimum une demi-douzaine de singles/hits potentiels.« Glory », avec son sample de voix soul dans la lignée de « Through The Wire », et son groove bondissant, est ma préférée.

http://www.myspace.com/kanyewest

PS : Pour la liste complète des samples utilisés :

http://www.pitchforkmedia.com/article/record_review/45490-graduation