8/19/2007

Rêve éveillé


Photo : http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/cestlenoir/rdr07/

Route du Rock, Vendredi Soir : Après une après-midi digestive et réparatrice, au son de Slint, Mogwai, et Sonic Youth, dans la maison de famille de Stan, nous étions frais comme la rosée et prêt à nous prendre des claques en séries. « Rock n Roll » comme dirait le petit frère Stan, né en + 5 après Daydream Nation, déçu de ne pouvoir nous suivre jusqu’au Fort de Saint Père. Tout devait commencer avec Electrelane, quintet féminin brightonien, s’il en est, dont nous avons manqués les deux ou trois premiers morceaux en raison d’un timing approximatif au camping. On attrape le concert à « To The East », mon morceau préféré du dernier album du groupe. Les filles enchaînent leurs chansons avec morgue et sérieux, jouent leur partition avec talent, sans pavoiser, interagissent avec le public à coup de montées et de descentes soniques, maîtrisent l’art du larsen, comme pour montrer que si la vieille garde devait se rendre, la jeune est prête à en découdre. Cas de figure improbable au regard de la prestation livrée par Sonic Youth, venu interpréter son classique« Daydream Nation ». Cocokwaze n’a pas tari d’éloges pour honorer ce concert, qui restera longtemps gravé dans ma mémoire, et je n’ai pas grand-chose à ajouter si ce n’est que les morceaux de « Rather Ripped », joués en rappel, étaient à leur place dans ce set d’anthologie, démontrant à qui pourrait en douter que Sonic Youth continue de composer des albums hors normes, inimitables voire indépassables. Difficile dans ces conditions pour Guillaume Turzi, chouchous de critiques férus de krautrock, de prendre le relais, surtout devant un public clairsemé, le noyau dur d’aucuns pourraient dire. Du fond çà ne manque pas d’air : les guitares furibardes se font menaçantes, les claviers ne sont pas en reste, et le batteur, dans une position que Moe Tucker n’aurait pas reniée, mène tout çà à la baguette. Le mur du son édifié s’élève à des hauteurs stratosphériques, et rassemble à ses pieds quelques curieux en quête de groove, impatients de sautiller sur la ligne de basse de « Losing My Edge ». Las ! James Murphy aka LCD Soundsystem ne jouera pas le morceau qui l’a fait connaître. A l’intro de « Get Innocuous », un spectateur qui connaissait bien sa leçon a dit « et ben nan, ce n’est pas Losing My Edge », et il avait l’air fier de lui. Qu’importe. Le concert de LCD Soundsystem était à la hauteur des attentes suscitées par « Sound Of Silver ». Krautfunky aurait dit Benoit Sabatier de Technikart, avec ce son d’argent, qui scelle l’alliance d’un groove incandescent, d'un krautrock luminescent et d'un punk new yorkais tendance Talking Heads. Ce soir le groove l’avait emporté. Et je ne vais pas m’en plaindre.

"Music is my hot hot sex"



Photo : http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/cestlenoir/rdr07/index.php?jour=16

Route du Rock, Jeudi Soir : The Besnard Lakes ouvre les hostilités avec un concert hypnotisant qui n’a pas laissé indifférents les amateurs persévérants de pizzas au feu de bois. A Saint Malo on a coutume de dire que quand la pizza se fait trop désirer et la citrouille pressante, le choix s’impose de lui-même : il faut laisser sa place dans la queue, et rejoindre le flot des fans des Smashing Pumpkins, reformées autour de JC ( Jimmy Chimberlain) et BC ( Billy Corgan). Sans James Iha ni D’Arcy.En théorie aucune personnalité pour faire de l’ombre au grand Billy dans ce groupe qui n’a jamais été que sa chose, en atteste le concert de ce soir. Au public sans doute venu comme moi pour entendre un best-of et quelques titres du dernier album, Billy Corgan a offert un set déroutant, alternant ego-trip métal, rock pompier à la Pink Floyd mauvaise période, messes basses new wave de dix minutes et hymnes de son répertoire repris à tue tête ( « Today », « Tonight », « 39 » « Bullet With Butterfly Wings »).Conclu péniblement par « Heavy Metal Machine », ponctué de flexions de genoux de ses deux guitaristes et de solo de guitares interminables, le concert vire au jeu de massacre pour les citrouilles vraiment pas bandantes ce soir. Contrairement aux deux groupes suivants. New Young Pony Club déboule dans ce champ de ruines avec ses minijupes à paillettes, ses t-shirts Rough Trade et ses mélodies affriolantes. De quoi redonner du baume au cœur aux déçus des Pumpkins et des frissons à ces hordes de teenagers tirés à quatre épingles, pour qui les White Stripes ne sont qu’un lointain souvenir de collège et les Smashing Pumpkins un groupe de vieux croutons. « Get Lucky » donne le sourire, « Ice Cream » , « The Bomb », « The Get Go » enflamment un public qui ne demande rien d’autre que des nappes de synthé ascendantes, et des lignes de basse funky pour exploser, avec ou sans sac à main. S’en suit Cansei de Ser Sexy. L’entre deux concerts annonçait la couleur : ballons fluos gonflés à l’hélium, gandins et gravures de mode gonflés à bloc. Seulement quand CSS investit la scène, et joue les premières notes d’un morceau semble-t-il inédit, çà ne sonne pas ouf. Et même si le set reprend les titres néo-grunge electro-pop (osons le terme !) qui font le succès du groupe ( « Meeting Paris Hilton », « Let’s Make Love and Listen to Death From Above », « Off The Hook »… ), le concert n’est pas aussi jouissif qu’il ne devrait, la faute aux mauvais réglages qui n’ont pas gâché le plaisir de mes voisines pas fatiguées d’être sexy.