Le groupe italo-japonais ( si si) Blonde Redhead sort ces jours-ci son nouvel album 23, mon âge ou presque, mais c'est une autre histoire, ou alors presque celui auquel je les ai découverts, à 22, à l'époque de Misery is a Butterfly, la tristesse est un papillon, titre à propos, pour décrire un disque aux mélodies éthérées et désesperées donc, dont chaque note embrume les yeux. D'un battement d'aile ce papillon de nuit avait fait pousser du lierre et des lauriers dans mon appartement, apparaître des peintures de Vinci sur ses "murs lézardés", des sculptures de Michel Ange dans la cuisine, des thermes vaporeux en lieu et place de ma salle de bain, Sur le LP 23 c'est encore mieux. A tous ces éléments se sont ajoutées des pochettes de Loveless de My Bloody Valentine et de Treasure des Cocteau Twins, signés chez 4AD comme Blonde Redhead, en d'autres temps. Les nappes de guitares ondoyantes qui règnent en maîtresses sur "23", le morceau d'ouverture, n’y sont pas pour rien. Sur le morceau suivant "Doctor Strangeluv" ce sont des images du génial Peter Sellers qui trônent au dessus de mon lit, un docteur tombé amoureux de la chanteuse japonaise d'un groupe New Yorkais. Comment pourrait-il en être autrement ? Cette voix est belle à attendrir un Materrazzi des grands soirs. "The Dress", ce titre tragique aux synthés empreints de nostalgie, drape de vague à l'âme. "SW" creuse des tranchées, déplace des montagnes dans un espace réduit (4'30). "Spring and By Summer Fall" fait réapparaître le fantôme de Sonic Youth à des heures tardives, entre chien et loup, ténébreux et guerrier. Ce morceau (trans)alpin, ardent comme l'Etna, joué pied au plancher, justifie à lui seul l'achat de 23. La deuxième moitié de 23, dans laquelle le groupe explore la veine mélancolique et spectrale déjà développée dans Misery is a Butterfly, est à peine moins excitante et foisonnante.
Blonde Redhead - 23 (myspace)
Blonde Redhead - 23 (myspace)