2/02/2008

Dinosaur Sr

A la rentrée dernière Radiohead annonçait en grande pompe qu’il « leakerait » leur prochain disque sur le Net sans maison de disque, laissant à l’internaute le loisir de fixer lui-même le prix du disque. Seul un groupe soutenu pendant quinze ans par une maison de disque qui lui finançait la production de ses disques, lui assurait des passages en radio, finançait ses campagnes de promotion à gros budget, et nantis d’une large base de fans pouvait se permettre un tel coup -Saul Williams s’y essayera quelques semaines après avec le succès que l’on sait. On apprenait plus tard que le disque sortirait chez Beggars Group en format physique, et qu’EMI avait refusé de renouveler un contrat de 10M£ à Radiohead. En plus de cette histoire de gros sous, le disque (« In Rainbows ») m’avait semblé médiocre.Seule « Bodysnatcher » sortait du lot. Pourtant cette semaine j’ai pris la ferme résolution de réécouter ce disque dont tout le monde a dit du bien, qui au fond ne pouvait pas être foncièrement mauvais. Je pense avoir bien fait. « Bodysnatcher » tout d’abord est, à mon avis, tout simplement la meilleure chanson écrite par le groupe d’Oxford depuis « Paranoid Android », une chanson teigneuse en trois temps : rageuse et tellurique dans sa première partie, éthérée et électrique dans sa deuxième partie, tout à la fois dans sa troisième partie, dont le final n’est pas sans rappeler celui de « Paronoid Android ». On y revient. Je m’aperçois aussi que je suis passé à côté de grandes chansons : « Weird Fishes/Arpeggi » avec ses guitares nébuleuses, arrangées à merveille, se bonifie écoute après écoute ; « All I Need » ou Radiohead joue sur une fibre plus synthétique, à mi-chemin entre Kid A et OK Computer. La voix de Thom Yorke, perdue dans une nuée de cuivres, cordes et piano a rarement sonné aussi juste. Pas assez peut-être pour une sonnerie de portable, pas assez pour un i-Pod écouté dans le métro. C’est peut-être çà le problème au fond : les maisons de disque ne sont plus disposées à dépenser sans compter pour un disque comme « In Rainbows », qui sera très souvent écouté dans de mauvaises conditions. A quoi bon payer pour que les sublimes arrangements d’ « All I Need » soient rendus inaudibles par les bruits de la rue ou du métro ? Dans ce contexte, qui s’étonnera que les majors préfèrent financer des gingles/singles pour sonneries de portable.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pas faux...
Quelle maison de disque maintenant prendra le rique d'investir sur des mois de studio pour un groupe qui touchera l'intégalité des revenus des tournées et du merchandising...
Tout le problème est là en ce moment...

Gatz a dit…

j'ai lu quelque part qu'il existait des contrats "360°C" où le contrat porte aussi sur les revenus de tournée et le merchandising, et qu'une maison comme Because ne signait plus que çà.