Photo : http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/cestlenoir/rdr07/
Route du Rock, Vendredi Soir : Après une après-midi digestive et réparatrice, au son de Slint, Mogwai, et Sonic Youth, dans la maison de famille de Stan, nous étions frais comme la rosée et prêt à nous prendre des claques en séries. « Rock n Roll » comme dirait le petit frère Stan, né en + 5 après Daydream Nation, déçu de ne pouvoir nous suivre jusqu’au Fort de Saint Père. Tout devait commencer avec Electrelane, quintet féminin brightonien, s’il en est, dont nous avons manqués les deux ou trois premiers morceaux en raison d’un timing approximatif au camping. On attrape le concert à « To The East », mon morceau préféré du dernier album du groupe. Les filles enchaînent leurs chansons avec morgue et sérieux, jouent leur partition avec talent, sans pavoiser, interagissent avec le public à coup de montées et de descentes soniques, maîtrisent l’art du larsen, comme pour montrer que si la vieille garde devait se rendre, la jeune est prête à en découdre. Cas de figure improbable au regard de la prestation livrée par Sonic Youth, venu interpréter son classique« Daydream Nation ». Cocokwaze n’a pas tari d’éloges pour honorer ce concert, qui restera longtemps gravé dans ma mémoire, et je n’ai pas grand-chose à ajouter si ce n’est que les morceaux de « Rather Ripped », joués en rappel, étaient à leur place dans ce set d’anthologie, démontrant à qui pourrait en douter que Sonic Youth continue de composer des albums hors normes, inimitables voire indépassables. Difficile dans ces conditions pour Guillaume Turzi, chouchous de critiques férus de krautrock, de prendre le relais, surtout devant un public clairsemé, le noyau dur d’aucuns pourraient dire. Du fond çà ne manque pas d’air : les guitares furibardes se font menaçantes, les claviers ne sont pas en reste, et le batteur, dans une position que Moe Tucker n’aurait pas reniée, mène tout çà à la baguette. Le mur du son édifié s’élève à des hauteurs stratosphériques, et rassemble à ses pieds quelques curieux en quête de groove, impatients de sautiller sur la ligne de basse de « Losing My Edge ». Las ! James Murphy aka LCD Soundsystem ne jouera pas le morceau qui l’a fait connaître. A l’intro de « Get Innocuous », un spectateur qui connaissait bien sa leçon a dit « et ben nan, ce n’est pas Losing My Edge », et il avait l’air fier de lui. Qu’importe. Le concert de LCD Soundsystem était à la hauteur des attentes suscitées par « Sound Of Silver ». Krautfunky aurait dit Benoit Sabatier de Technikart, avec ce son d’argent, qui scelle l’alliance d’un groove incandescent, d'un krautrock luminescent et d'un punk new yorkais tendance Talking Heads. Ce soir le groove l’avait emporté. Et je ne vais pas m’en plaindre.
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