9/25/2007

L'arche de Noah


Si je devais emporter la discographie d’un groupe des années 2000 sur une île déserte ce serait celle d’Animal Collective. La musique de cette entité américaine à géométrie variable est la plus excitante que j’ai écoutée ces dernières années, depuis Sung Tongs. Sur leur troisième album, le groupe ouvrait de nouvelles perspectives à la musique contemporaine : punk chamanique à grattes sèches, folk aphextwinien, rythmiques africaines, pulsions électroniques et envolées psychédéliques. Pour l’album suivant, le folktronisant Feels, à l’exception de Grass et Turn Into Something , le groupe semble s’être assagi et si on pense à une signature du label Warp, c’est davantage à Boards Of Canada, dont l’album sortait aussi en 2005. C’est un peu tiré par les cheveux mais je me rappelle avoir confondu leurs titres réciproques en fin d’émission de Lenoir à l’époque. Depuis le groupe a tourné, les membres ont travaillé chacun de leur coté. Avey Tare enregistrant des EPs, Panda Bear, aka Noah Lennox, installé à Lisbonne, où vit sa copine, un LP encore non-distribué en France, touché par la grâce, comme si on avait exhumé des bandes d’enregistrements des Beach Boys d’un studio de Lee « Scratch » Perry. Et récemment le groupe s’est donné rendez vous dans le désert de l’Arizona pour accoucher de son cinquième album : Strawberry Jam. Une confiture de fraise que l’on aurait coupée à un je ne sais quoi qui donnerait presque envie de souhaiter tout le bonheur du monde à Sinsemilia, saupoudrée d’electronica, fait dans de vieux pots étiquetés Feels ou Sung Tongs selon les chansons, mais qui a la saveur de l’inédit.
Ma chronique pourrait s’arrêter là, comme ce fut le cas jusqu’à aujourd’hui. Mais c’était un peu court, un peu jean foutre sur les bords. Je vais essayer d'étoffer un peu. Je ne promets rien qu'un compte rendu résumé des sensations procurées par ce disque hors-norme. Pour aimer ce disque nul besoin d’être rompu à l’écoute d’oeuvres dites difficiles d’accès, à l’image de celle de My Bloody Valentine ou des premiers Sonic Youth diront certains. L’univers onirique créé par Animal Collective plaira aux enfants de 7 à 77 ans. On y parle de « feux d’artifices », « d’os de la paix », de « cocoricos ». Mais pas seulement, car si le propos à un minimum d’importance, l’art et la manière de le mettre en son fait toute la différence. On imagine mal Nick Drake ou Ian Curtis traiter des mêmes thèmes sur Pink Moon ou Closer. Pour Strawberry Jam, Animal Collective a travaillé à partir de samples de morceaux de freak folk psyché antédiluviens et bribes d’electronica sorties de derrière les fagots. Le tout s’entrechoque dans un joyeux bazar, où tout est à sa place : qu’il s’agisse des samples sus-cités, torturés et triturés par Panda Beardes percussions tribales de Geologist et des incantations chamaniques d’Avey Tare. Et si ce disque plaira autant à votre grand-mère qu’à votre neveu/ cousin c’est aussi tout simplement parce que sans lui le monde serait ennuyeux comme une chanson de James Blunt.

http://www.myspace.com/animalcollectivetheband

photo : http://www.midi-festival.com/?Programmation

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