"Il y a des jours ainsi, à la fin de l'été, qui restent confinés du matin jusqu'au soir dans cette chaleur statique qui enveloppe les corps et engourdit l'esprit, et je finis par me rendre compte que ce qui rendait la crique si étrange ce jour là, c'était qu'il n'y avait plus de bleu dans le paysage. On eut dit que, à l'aide d'un logiciel de retouche d'image qui permet d'enlever une seule couleur à la fois, le bleu avait été entièrement effacé du décor sans que le reste de la gamme chromatique en eût été affecté. Le bleu avait disparu, le bleu habituel, le bleu radieux, le bleu éclatant du ciel et de la mer, le bleu endémique de la Méditerranée, s'était évaporé de la nature. Tout n'était que brumes de chaleur et blanc ouaté saturé de lumière. Il n'y avait pas un souffle de vent, pas d'air, rien, pas la plus légère brise pour faire onduler un jonc dans la crique - comme si le vent accumulait ses forces pour la tempête qui se déclencherait dans la nuit."
La vérité sur Marie - Jean-Philippe Toussaint (Minuit)
Nurse With Wound - Funeral For Perez Prado
1/03/2010
La vérité sur Marie (1)
Publié par Gatz à 9:15 PM
Libellés : Funeral For Perez Prado, Jean-Philippe Toussaint, La vérité sur Marie, Littérature, Minuit, Nurse With Wound
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