7/24/2007

La clé des champs

Il est rare que je parle aux disquaires. Et c’est souvent pour demander « vous avez reçu machin ?», et avec l’existence d’Internet cette question ne se pose même plus. Seulement aujourd’hui, en compagnie d’un ami bavard, nous avons discuté avec un disquaire, après que ce dernier lui ait demandé ce qu’il « avait aimé récemment en electro », la question à 3 milliards en somme. A laquelle il avait répondu avec fougue : Wax Tailor (pas écouté), The Chemical Brothers avec quelques réserves, Goose (mal écouté), Digitalism, et j’en oublie (ah oui Justice). Il ne manquait plus qu’Au Revoir Simone et le line-up de la soirée du 9 Août d’Astropolis (j’en serai) était dans son top de début d’année, ce qui est d’assez bon augure. Pendant ce temps je glissais que j’avais bien aimé ceci (Apparat) cela (Simian Mobile Disco), finissant par citer l’artiste qui m’a le plus intéressé cette année, The Field, chez Kompakt. Car, en ces temps où l’electro minimale peine à recueillir des suffrages, victime d’une offre pléthorique de sucre, de fluo et d’amour, j’ai suivi le mouvement inverse, rendu diabétique et sourd par une overdose de Klaxons (entre autres), et je suis donc passé du fluo au kaki, du maximal à la minimale. Dans ce registre, les LP de Gui Boratto et de The Field ont fini par prendre racine dans mon quotidien. Peut-être parce que ce ne sont pas des disques dont les chansons se passent en mode repeat jusqu’à satiété, le format ( la longueur, la structure) ne s’y prêtant pas. Les plages des albums de Boratto et The Field s’étirent généralement sur plus de cinq minutes, prennent forme progressivement au grès du va et vient des boucles aériennes et des beats chirurgicaux, et brillent d’une lumière crépusculaire singulière. Celle qui, chez ces deux artistes, rapproche si souvent la mélancolie du Sublime.



Télécharger :
Gui Boratto - Chromophobia
The Field - From Here We Go Sublime



http://www.myspace.com/guiboratto
http://www.myspace.com/thefieldsthlm

7/18/2007

Like A Daydream


J'aime bien la Maroquinerie. C'est vraiment une très bonne salle: petite, chaleureuse, conviviale, très bonne accoustique, éclairage minimaliste voire bicoloreles concerts s'enchainent vite et bien, ce sont les artistes eux-mêmes qui viennent installer et démonter leur matériel. Hier soir c'était grosse affiche à la Maroquinerie. Jugez par vous même: Sebastien Schuller, Gravenhurst et les très cultes et branchés Animal Collective en tête d'affiche. Petite note: après plus de 70 concerts (je dénombre 69 "tickets", festivals compris) et 8 ans après le premier, j'assistais hier à mon premier concert en tant qu'inscrit sur la guest list, merci à Magic et à mon frère. Je pris en cours le set de Sebastien Schuller mais j'en ai vu suffisamment pour apprécier un concert très aérien, éthéré et agréable. Par contre je suis plus circonspect à l'égard de Gravenhurst, pas trop accroché à leur noisy en forme de montagnes russes qui alternaient instants calmes et énervés. Puis les créatures d'Animal Collective sont arrivés sur scène installer leur matos. Que des samplers et des ordinateurs, des bouts de batterie mais pas de guitares. Je n'ai jamais accroché à la musique ni à l'univers d'Animal Collective qui sont loin d'être facile d'accès. Et ce n'est pas ce concert qui va me convertir à la secte Animal Collective. Mais je dois reconnaître qu'il y a indéniablement quelque chose, une ambiance, un univers particuliers, ce n'est pas que de la branlette intellectuelle pour indé branché parisien péte-couille. Et pour quelqu'un comme moi qui vient d'une culture à guitare et à structure classique de chansons (couplet-refrain-mélodie) c'est assurément très rafraichissant. Souvent (tout le temps) barré, parfois très inspiré, les new yorkais ont entrouvert pendant près d'une heure et demi les portes de leur univers étrange où viennent se télescoper dans un maëlstrom sonore les bruits les plus bizzaroïdes. Séduit pendant les 45 premières minutes avant de totalement décroché dans le quart d'heure suivant, j'ai été franchement conquis par les 20 dernière minutes du concert sans rappel (juste après qu'on ait apporté sur scène un gâteau d'anniversaire à l'un des membres du groupe) ainsi que le devant de la fosse littéralement en transe, comme si la teuf pour la teuf s'était immiscé dans la petite salle surchauffée de la Maroquinerie... Ils ont conclu le concert par un morceau du dernier Panda Bear, enfin je crois, n'étant pas un familier de leur musique et vu que je suis devenu très mauvais en blind test il y a des chances que je me trompe. les avis étaient mitigés à la fin du concert, certains ont vécu l'expérience de manière très intense, d'autres ne sont jamais rentrés dans le trip. Pour ma part je suis sorti du concert d'Animal Collective comme on se réveille d'un songe: on ne sait pas trop à quoi on a assisté, si c'était vraiment bien ou pas mais ça va nous travailler quelques heures.

7/16/2007

Another Brick in The Wall


On n’avait plus entendu parler d’Apparat depuis sa collaboration avec Ellen Allien, notre directrice de label préférée, au printemps 2006. Il revient avec un quatrième album qui prouve à qui veut l’entendre qu’il tient toujours le haut de pavé électro, alors que d’autres se vautrent dans les caniveaux. Sur Walls, on se la joue profile bas, on n’est pas du genre à revendiquer des influences chic et choc, on trace sa route, on y sème quelques indices, au mieux, on ne surligne pas, ou alors par maladresse, contre son grès. On pense à cet hommage (in)volontaire ( ?) à M 83, l’antibois le plus reconnu à l’étranger après Picasso, sur « Head Up », un titre qui rendra fous ceux qui reprochent à Interpol de trop ressembler à Joy Division, et Bloc Party. à Gang Of Four, autant de groupes étrangers à l’univers de l’allemand. En effet Apparat a fait ses gammes loin de l’Angleterre punk et post punk, au sein de l’écurie BPitch Control, à Berlin(ette). Il en a gardé la rythmique si particulière à laquelle il incorpore des échantillons du meilleur de la pop synthétique et du post-rock mélancolique : Junior Boys, A Silver Mt Zion respectivement, des groupes à faire geler de plaisir la Méditerranée en plein mois de Juillet. Comme si ce disque était la BO du jour où M 83 pourra se balader, i Pod ( ou Archos) à la main, dans les rues du vieil Antibes sans se coltiner des sosies de David et Cathy Guetta tous les trois pavés.

http://www.myspace.com/apparat

Télécharger

7/14/2007

Beautiful Life


Aujourd'hui c'est le 14 juillet, et comme tous les ans à cette même date, Sometimes, la plus belle chanson jamais écrite, me berce, compagne fidèle et magnifique de ces instants particuliers et précieux où l'être humain se sent fragile et perdu:
"Close My eyes, Feel Me Now, I Don't Know, How You Could Not Love Me Now..."

7/10/2007

This Is Indie

Commentaire de mon frère: "C'est sûr qu'acheter un Archos plutôt qu'un ipod, c'est comme écouter Daydream Nation plutôt que Nevermind".

7/09/2007

Jolly Jumpers


Cela fait quelques temps que le nom de New Young Pony Club me taraude, un an et des camionettes de CRS gavées de manifestants anti-Sarkozy, depuis l’écoute d’un podcast sur Pardon My Freedom, comme quand un titre parmi tant d’autres obnubile au point de faire passer tous les autres au second plan. Dans les jours qui suivirent je visitais régulièrement le myspace de New Young Pony Club pour pouvoir écouter ces titres introuvables en téléchargement : « The Get Go », « Tight Fit », « Ice Cream » . De ces titres celui qui me plaisait le moins (le dernier) a été utilisé par des « créatifs » pour accompagner un spot de pub pour un fabricant de microprocesseurs, ce qui n’a pas manqué d’en faire le titre le plus populaire du groupe. Par la suite « The Bomb » est apparu sur myspace, avec son clip qui révélait au monde entier la principale qualité extramusicale du groupe : la claviériste, Louise Bourgoin en moins délurée. On pourrait même dire que New Young Pony Club est le meilleur groupe à claviériste sexy du monde. Fantastic Playroom, l’album qui sort ces jours-ci, ne remet pas en cause ce qui précéde : les bons titres glanés sur myspace et sur internet y sont très nombreux, et la claviériste est toujours en poste. Car à une époque où la hype précédent un album est une condition nécessaire (mais non suffisante) de succès, il est presque devenu obligatoire d’entretenir l’appétit des internautes mélomanes avec des titres appelés à constituer l’ossature d’un album à venir. On ne peut leur en vouloir, Klaxons a fait de même, et si mes souvenirs sont bons le premier Bloc Party. avait beaucoup de titres issus de EP précédents dans son tracklisting. Malheureusement cette manière de faire retire une grande partie du plaisir d’écoute qui réside dans l’effet de surprise que peut susciter un album vierge. Myths of The Near Future m’avait séduit parce que des pistes supplémentaires avaient été explorées, je pense surtout aux morceaux les plus tribaux comme « Isle of Her » et « Forgotten Worlds ». En revanche Fantastic Playroom n’est que la confirmation de ce que mes oreilles savaient déjà, ce qui est peu et beaucoup à la fois : New Young Pony Club sait fabriquer des machines à danser, diablement sexy, sans jamais tomber dans le racollage.

New Young Pony Club - The Bomb

http://www.myspace.com/newyoungponyclub

7/07/2007

The Chemical Brothers Are Playing At My House


Après avoir cassé deux types dans la queue du Mcdo ("Trop cool, à ce qui paraît en novembre y a un festival en Belgique où la tête d'affiche c'est Underworld!", moi me retournant:"sans aller jusqu'en Belgique, Underworld passe au Bataclan en novembre. Mais de toute voir Underworld en 2007 après le départ de Darren Emerson ça n'a aucun intérêt, c'est comme voir Daft Punk sans Thomas Bangalter") je me retrouve au Zénith. Alors que toute la planète sport a les yeux rivés sur l'Angleterre et Londres en particulier (départ TdF, Wimbledon et GP F1), les Chemical Brothers ont choisi Paris pour briller. Et sont venus avec la ferme intention de mixer et ne pas se contenter de Push The Button. Ce soir, pas de casques ou de pyramide, mais de nouvelles coupes de cheveux et un jeu de lumière très classe et énergique. Grosse surprise: on a assisté à un vrai concert, et non pas un mégamix de leur tubes. Privilégiant le dernier album dans la première partie du concert et un mix inédit dans la seconde, les Chemical ont lancé doucement leur set, mais dès que ça a été fait, le Zénith était debout et en nage. Longues montées acides et beats explosifs ont fait bouger la foule qui dansaient et levaient les bras le sourire aux lèvres. et qui a littéralement explosé sur Hey Girl Hey Boy! Moi même je m'en suis donné à coeur joie et n'avais pas dansé comme ça depuis lontemps. Si j'avais été un gros blasé j'aurais pu leur reprocher un choix pas toujours judicieux dans la set list (où sont passé Block Rockin' Beat? Setting Sun? les morceaux de Exit Planet Dust?), des transitions parfois interminables et un rappel un brin paresseux, mais non, ne boudons pas notre plaisir. Ce soir c'était bien le retour de la teuf pour la teuf, et le Zénith, la plus grande discothèque du monde.

7/03/2007

Primal Scream?



Vous saviez qu'Iggy Pop avait 60 ans? Né en 47 il est toujours aussi affuté, comme à ses premières heures, plus de trentes ans après les débuts des Stooges... Le concert des Stooges ce soir au palais des sports de la porte de Versailles, un an après celui du Zénith, n'était pas complet, les Djeuns préférant squatter le concert des Arctic Monkeys. Détail amusant, à l'entrée de la salle, les détenteurs de places assises tentaient d'échanger leur billet contre des places dans la fosse. Il faut dire que voir les Stooges assis c'est une hérésie. Après une bonne première partie -un groupe français qui chante en anglais avec une chanteuse à gros seins et dont j'ai pas compris le nom- Iggy et ses Stooges ont investi la scène. Et là c'est comme si il y avait eu une couille dans le paté. J'avais l'impression d'être au cirque. Iggy en faisait trop. Beaucoup trop. Tout comme le public d'ailleurs. Ca sonnait faux, artificiel, l'ambiance comme la musique. Pour une fois le concert ne sonnait pas comme les albums et c'était un tort. On aurait cru que pour le public, si ça avait été un autre artiste ça aurait rien changé. Ils auraient été hystériques de toute façon. Même les muscles de Iggy Pop faisaient faux. Alors bien sûr dans la fosse ça a été bien violent (j'ai d'ailleurs pété mes lunettes), No Fun et Fun House ont été des moments de folies pures. Et puis il y a eu I Wanna Be Your Dog. Malgré Iggy faisant le chien et aboyant(!), rien que les trentes secondes de l'intro valait à elles seules le prix du billet: quel autre morceau en live a une telle puissance? Honnêtement j'en vois aucune. Mais globalement j'ai eu une impression mitigée du concert. Comme il y a un an ils ont joué une seconde fois I Wanna Be Your Dog. Je me souviens qu'alors, j'étais déjà à genoux, exténué, prêt à vomir, lessivé par un concert à la folle intensité sexuelle. Là il n'en fut rien. Je n'étais pas fatigué et j'aurais pu m'infliger 60 I Wanna Be Your Dog que ça n'aurait rien changer, j'en avais juste pas envie. Le concert de ce soir n'avait rien de sexuel (d'ailleurs aucune groupies topless, même si y en avait certaines bien en chaleur...). C'était l'occasion de voir un monument de l'Histoire du rock. Comme on va au musée.

Cher Matthew

photo : Karin+Bruce

« Quand votre chauffeur de taxi vous parle de la Bourse, c’est que c’est le moment de vendre vos actions » avait dit un investisseur à la veille du jeudi Noir d’octobre 1929. « Quand les amies de ta petite soeur commencent à parler du clip « très cool » de Justice, c’est que le moment est venu de vendre tous tes vinyles du duo à la brocante de Chateauneuf du Faou » dit un proverbe finistérien. Avec les produits de la vente on achètera le nouveau Matthew Dear, dont on n’est pas prêt de se séparer. Asa Breed, c’est son nom, n’est pas évident. Bien sur on peut compter sur la spontanéité de « Pom Pom », ou « Pop Pop », à la discrétion de l’auditeur, et dans un registre plus élégiaque « Deserter Song », mais dans l’ensemble on a affaire à un disque hybride qui ne choisit jamais vraiment son camp, entre musique électronique, pop plus ou moins foutraque, et folk pastoral. Comme si ce choix nous était laissé... Entre cLOUDDEAD, TV On The Radio, et Mica P. Hinson, qui a envie de choisir ?


Matthew Dear - Deserter ( mp3 via canyouseethesunset)

http://www.myspace.com/matthewdear

Télécharger

7/01/2007

New York City Cops


Ce soir j'ai assisté à un moment à la fois historique et injuste. Historique car Sonic Youth, ce monument de l'underground indé américain venait jouer à Cergy, MA ville de banlieue où j'ai grandi et où je vis encore, dans le cadre du Furia Sound Festival. Et une grande injustice car programmer Sonic Youth en "première partie" de Queens Of The Stone Age à 18H50 ça fait pas très sérieux... Mais heureusement les New-yorkais n'en avaient que faire. En une petite heure ils ont prouvé qu'ils étaient encore les sheriffs du rock new yorkais, et ce plus de 20 ans après leurs débuts. Jamais un groupe n'avait aussi bien porté son nom, et aussi peu porté son âge. Sonic Youth. La classe faîte rock'n'roll. Ils n'ont pas joué Daydream Nation dans l'ordre et dans sa globalité. Ils n'en ont pas eu besoin. Plutôt que de se limiter à un seul album, bien que ce soit leur chef d'oeuvre, ils ont couvert une grande partie de leur abondante discographie, au cours d'un concert noisy et incandescent. Kim Gordon était impeccable en grande prêtresse du rock. Thurston Moore très classe et élégant. Et Lee Ranaldo très affuté. Les grandes chansons se sont enchaînées commes des perles qu'ils auraient enfilées aux cordes de leurs guitares. Et pourtant ils en ont oubliées plein. Et pourtant ils n'ont pas joué Teenage Riot. Pas grave ça sera pour la Route du Rock. Le moment en sera d'autant plus historique. Je me répète, mais ce soir ils avaient pas besoin de la jouer. Les 60 minutes intenses de concert ont suffi à mon bonheur et m'ont permis de répondre à une question essentielle: Sonic Youth plus grand groupe de rock encore en activité? Ce soir la réponse fut limpide et cinglante pour la concurrence.

Fire In The Hole


Avant de commencer, je dois vous faire un aveu: le concert de Queens Of The Stone Age au Furia Sound Festival fut mon premier concert complet où j'ai porté des boules quiès. Alors forcément ça a altéré mon jugement, mais après Sonic Youth, et plus de deux semaines après Daft Punk, mes tympans n'étaient pas prêts à se prendre la déflagration sonore de QOTSA. J'ai bien enlevé une ou deux fois mes protections pour m'assurer du son, et rassurez vous les amplis étaient bien réglés au maximum, et le jeu des QOTSA toujours aussi précis et énergique. Ils ont fait la part belle au dernier album, mais en oubliant Sick, Sick, Sick à la grande colère de ma voisine. Le public, essentiellement lycéen, conquis d'avance, sautait gaiement, connaissant par coeur les morceaux. Petite anecdote: tout d'un coup, y a eu que des filles qui ont slamé, toutes en même temps. Une, deux, trois, etc... une bonne dizaine! Mention spéciale à la petite brune, parce que quand on mesure moins d'1m60 et qu'on doit peser moins de 50kg, faut avoir du cran pour aller slammer dans la fosse de QOTSA. Et puis il se mit à pleuvoir. Et ce fut le moment pour Josh Homme et ses comparses de lancer Little Sister. Et il n'y eut plus personne pour slammer. Cela n'aurait pas été téméraire mais suicidaire. Le concert continua, porté par une foule en délire, et se termina par The Lost Art Of Keeping A Secret ou No One Knows, je sais plus. De toute façon c'était le chaos.

Teen Spirit


Comme aujourd’hui, une chanson me revient souvent en tête, sans que je sache réellement pourquoi : « Aneurysm » de Nirvana : « I love it so much it makes me sick , hhein hhheiiiiiin ». Peut être pour me rappeler que je n’ai rien n’entendu d’aussi bruyant et jouissif à la fois depuis des années, et que çà me manque terriblement. Pourtant je n’était pas de ceux qui à dix-sept ansse sont pris en plein gueule les déflagrations sonores de Nirvana. Je n’ai entendu parler de Nirvana qu’en cour de récréation par l'intermédiaire de Sylvain, dont le frère « écoutait AC/DC et Nirvana à fond ». J’avais onze ans, un mois avant le suicide de Kurt Cobain. Un an plus tard une lettre de ma cousine me donne envie d’acheter Unplugged in New York, mon disquaire à qui je demande s’ils ont « Unplujjed in New York » me répond que « non » et m’oriente vers « Nevermind », qui éjectera fissa Dance Machine 6, Doctor Alban et Masterboy de ma platine, y restera scotché pendant des mois. Et maintenant que j’y pense j’ai l’impression que beaucoup de choses ont changé depuis : il n’y a plus de pogos au son de « Smells Like Teen Spirit » pendant les pauses entre les élèves de troisième, les Breeders, Beck, Oasis, Blur et Rage Against The Machine ont déserté les ondes de Skyrock, les filles ne portent plus de Doc Martens et de jeans troués, les garçons encore moins, enfin si mais des jeans troués d’avance par des mains expertes, Doc Martens se sert de l’image de Kurt Cobain pour ses campagnes de pub sans demander à Courtney, Diam’s et Tokio Hotel sont devenus les portes voix de ceux qui ont l’âge auquel j’écoutais « Nevermind » et « In Utero », les Pixies, Smashing Pumpkins et Dinosaur Jr se reforment contre des cachets mirobolants, avec sortie hypothétique d’album. Et certains esprits rigolards font courir des rumeurs sur une reformation de Nirvana dans la même optique, avec Courtney Love au chant, comme quoi finalement tout est possible. On y croit deux secondes, avant de se dire que ce qui manque à l’adolescence ce sont des groupes de jeunes chiens affamés prêts à l’envoyer se jeter contre les murs de sa chambre. Blood Red Shoes, ce duo de Brighton qui devrait renvoyer les White Stripes à leurs études, en fait partie. Il ne reste plus qu’à MTV, Skyrock, Fun Radio, et NRJ de passer « It’s Getting Boring By The Sea » en boucle, entre deux publicités pour le 6 12 12. Ce n’est pas gagné.

http://www.myspace.com/bloodredshoes

6/30/2007

Dark Side Of The Teen


Trois Français rois de l'été? Cela semble bien improbable. Et pourtant. C'est ce qui pourrait bien arriver de pire à Michael Szpiner, Dorian Dumont et Quentin Delafon, les trois fluos de The Teenagers tant leur single Homecoming est imparable. Un phrasé et un humour irrésistibles qui évoquent le Pulp de Different Class, le tout couplé à une rythmique qui se paye le luxe d'être à la fois emballante et mélancolique. Pas sûr que les filles apprécient (ils emploient le mot cunt et se payent la tronche d'une pom pom girl), mais c'est pas bien grave, les Anglais en sont fous et c'est bien là un gage de la qualité du groupe. A noter que le morceau qui les a révélés, Fuck Nicole, vaut également largement le détour. En dépit de leur volonté affichée de jouer à la Route du Rock, The Teenagers, malheureusement pour nous, ne seront présents cet été qu'à Leeds et Reading. Comme quoi on a beau écrire le single parfait, on en est pas pour autant prophète en son pays.

http://www.myspace.com/THETEENAGERS

6/27/2007

Von Australien


Je me rappelle avoir beacoup aimé "Unconditionnal" le premier single des New Yorkais new new wave The Bravery, un peu moins leurs coiffures et leur hardes. Mais cela commence à dater, environ deux ans. Depuis de l'eau a coulé sous le pont de Brooklyn, le retour du rock est mort, il n'y a qu'à écouter le dernier White Stripes pour s'en persuader, le retour de la teuf pour la teuf aussi, il n'y a qu'à écouter le premier Justice. Dans le même temps les Australiens travaillent pour le retour de la bonne musique. Dans cette cohorte de groupes "durs à la tâche" nous trouvons les excellents Cut Copy qui ne sont plus à présenter, Bumblebeez, mais aussi Van She/ Van She Tech, remixeurs de génie, capable de transformer le plomb en or, et l'or en platine ( "Gravity Rainbow" de Klaxons à tout hasard). Le dernier groupe à être passé entre les mains de ces alchimistes du remix est The Bravery, le résultat est à la hauteur, comme si on assistait en direct au retour de la bonne musique ...

The Bravery - Time Won't Let Go ( Van She Tech Remix)

Jump In The Air


Un de mes premiers souvenirs de concert à la télé fut celui des Beastie Boys enregistré en Ecosse, tournée de 1999 si je ne m'abuse. Je me souviens d'une scène en rond, au milieu de la fosse, au milieu d'un public déchaîné, célébrant trois MCs et un DJ venus de New York. A l'époque je n'avais pas encore usé mes premières Gazelles en concert, et inutile de préciser que j'avais été très impressionné par les images que me diffusait ma télé.Ce 26 juin les Beastie boys étaient de retour au Zénith de Paris. A voir les queues immenses pour accéder au Zénith et le déploiement des forces de l'ordre, je me suis dit que le concert allait être forcément chaud. Les Beasties sont arrivés vers 21H15, lookés façon Blues Brothers. Peut-être trop tirés à quatre épingles dans leurs impeccables costumes, les beasties boys ont commencé mollement leur show. Lorsqu'ils ont annoncé Remote Control, j'y ai vu le signe que le concert allait enfin décoller. Mais non. Ce fut une prestation très chaotique, discontinue, entrecoupée d'intermèdes instrumentaux certainement extrait de The Mix Up à paraître prochainement. Ce qui m'a surtout surpris, ce fut le peu d'ambiance dans la fosse: j'espérais quelque chose de furieux, d'intense, il n'en fut rien. Alors oui, sur les hymnes tels que Body Movin', Intergalatic ou l'immense Sabotage on a assisté à un concours de sauts à celui qui arrivera le premier à toucher le toit du Zénith avec ses mains, mais en dehors de ça ce fut assez pépère. L'audience était sans doute trop assommée par les nombreux Taz qui circulaient. Les lumières ont fini par se rallumer, et je repartis en ayant le sentiment que le concert n'avait jamais réellement débuté.

6/24/2007

"It's Saturday Night, And I Don't Want To Go Out..."


... chante Klima sur You Make Me Laugh. Heureusement pour nous la française exilée en Angleterre ne s'est pas écoutée et est venue en ce samedi 23 juin assurée une jolie première partie toute en apnée, en préambule au concert d'Au Revoir Simone. Après un intermède, à mon goût dispensable, d'Andy Yorke, les trois new-yorkaise se présentent sur la scène du Trabendo et ouvrent par The Lucky One, à mes yeux leur meilleure chanson, mais qui ce soir fut de loin leur plus mauvais morceau. Car les demoiselles, non contentes d'irradier littéralement la scène, ont également enflammer le public grâce à un set frais, malin, printanier qui devait moins à leur physique avantageux (au passage je confirme, pour les avoir vues de près, elles sont VRAIMENT belles) et à leurs légères robes à pois qui laissaient admirer des jambes interminables, qu'à leur charme, leur humour et, bien sûr, leur talent. Bien entendu on était loin du retour de la teuf pour la teuf, et on ne peut plus vraiment dire que les trois brunes soient encore très hype, mais sur scène elles savent donner plus d'envergure à leurs compositions, qu'elles interprètent avec un enthousiasme communicant. A la fin du rappel, les nymphes, qu'on jurerait toutes droit sorties d'un film des années 60, se sont mêlées à leurs fans en toute humilité et simplicité. En grand journaliste que je suis... (sic) je m'approchai pour leur poser quelques questions. Mais intimidé pour ma première interview par tant de gentillesse et de spontanéité, je ne pus obtenir qu'un grand sourire et une immense déception:"excuse me, but are you engaged?" "yes" " you just broke my heart"... Je quittai donc le Trabendo, l'âme en peine mais le sourire aux lèvres, heureux d'avoir assisté à un bien chouette concert. Au Revoir Simone? Bienvenu au royaume de l'indie pop, là où toutes les filles sont belles.

6/20/2007

"If I had enough money to go to the record store I would..."



Jusqu’à très récemment j’ai associé Simian Mobile Disco (duo spin off de Simian) à ces groupes surbuzzés pendant des mois, alimentant la mitraillette à posts blog à coup de remixes et singles sortis à droite et à gauche, un peu comme Sarkozy depuis mai 2002 avec ses amis journalistes, que l’on finit par bouder par rejet du buzz. Outre ses nombreux remixes pour Klaxons, Go ! Team et Air, SMD a vu l’un de ses deux membres, James Ford pour ne pas le nommer, s’illustrer en tant que producteur du deuxième Arctic Monkeys et du premier Klaxons, un de mes disques préférés du premier semestre. Récemment, Cocokwaze, fan des deux disques précités me confiait que la Revue Pop Moderne avait aimé Attack Decay Sustain Release, leur premier LP, alors que Serge en disait du bien, au moment où je commençais à trouver « I Believe » sacrément bien fichue. Avec son rythme nonchalamment chaloupé et ses refrains à la George Michael circa 2007, « I Believe » est un véritable slow synthétique qui devrait cartonner cet été chez les gens de bon goût, j’entends ceux qui étaient au concert d’Ultra Orange, et non au concert de Justice la porte d’à côté ;). Attack Decay Sustain Release, l'album que j'ai fini par écouter, est le décalque amphétaminé d’ « I Believe » (abstraction faite des refrains à la George Michael circa 2007), un disque d’electro castagneuse, hautaine et sans fard, séduisante sans être vulgaire (en dépit de déclarations d’intention), qui va droit au but : “Forget about your seat. It’s the beat […] Your back is to the wall, We are waiting for you, It’s The Beat !” claironne Ninja de Go ! Team sur “It’s The Beat”. Avec des tueries comme « Tits and Acid », « Hustler » et « It’s The Beat », on la rejoint le sourire aux lèvres.

SMD- Hustler

SMD - I Believe (imeem)

http://www.myspace.com/simianmobiledisco

Acheter

6/19/2007

Injustice

Cocokwaze a déjà dit le mal qu’il pensait du Justice, et j’ai vraiment envie d’en rajouter une couche. Non pas que ce disque soit mauvais du début à la fin, il a ses bons moments que nous connaissons tous déjà ( « Waters of Nazareth », « D.A.N.C.E »), il me semble juste être largement surestimé. 8,5 dans Pitchfork, couverture de Trax, Technikart, des Inrocks … et celle du fanzine de Vladimir Cosma est sous presse, comme si tout ce beau monde s’agitait autour d’une galette, et que le dernier à faire couler son encre était puni comme il se doit dans ces circonstances. Technikart nous fait le jeu des dix influences, et Pitchfork l’exégèse du son Justice, en se caressant le goitre d’autosatisfaction : « mmm vas-y lecteur prends t’en plein la gueule des références », comme si pour eux le plaisir d’écoute était secondaire, ce qui n’est pas mon cas. En attendant le concert de Daft Punk à Bercy, avant que Justice ne soit retiré des premières parties, et avant d’avoir écouté † je m’étais surpris à rêver d’un passage de relais entre jeune et vieille gardes de l’électro française. Il semblerait que la vieille garde ait (en connaissance de cause ?) gardé le relais en main, n’en déplaise à ceux qui, juste avant le set de Daft Punk, voyaient dans l’engouement suscité par les artistes du label Edbanger « un phénomène sociologique » : le « retour de la teuf pour la teuf ».

6/15/2007

D.A.N.C.E.


Hier soir j'ai assisté à la plus grande partouze de l'année à Paris: le concert de Daft Punk à Bercy. Les vrais-faux robots avaient déjà créé la surprise il y a un an avec des apparitions parcimonieuses mais remarquées dans les festivals et une pyramide rapidement devenue star de youtube. Cette année c'est carrément la tournée événement, Bercy complet depuis des mois et tout le merchandising qui va avec. L'avantage avec les grandes salles et les gros shows, c'est la ponctualité: il était écrit 20H sur le billet, les Klaxons n'ont pas attendu une minute de plus pour investir la scène et assurer la première partie. Prestation très courte (une demi-heure à peine), mal partie (très mauvais son, ambiance frileuse), mais que le combo anglais a su sauver avec des chansons efficaces et un certain savoir pour jouer avec le public. Au final ils ont su chauffer un auditoire qui n'en avait rien à foutre de ces quatre jeunots, et qui, pour les trois quarts ne les connaissaient pas. Car il faut le souligner, on est loin des débuts des Daft Punk, aujourd'hui il ratissent large, très large, auprès d'un public pas toujours au fait des dernières nouveautés. Public qui n'était venu que pour une chose, qui n'attendait qu'une chose, le spectacle son et lumière pharaonique des Daft Punk. Et dès le début ils ont annoncé la couleur: ça allait être puissant, hédoniste et physique. Devant un public conquis d'avance, Thomas et Guy-Man ont livré un set légèrement différent des concerts de 2006 (ce qui lève légérement l'impression que ce soit un cassette pré-enregistrée qui passe avec les Justice en pousse-boutons derrière...) dans l'enchaînement des morceaux, mais certainement pas dans le pilonnage toujours aussi brutal des tympas. Hypnotisé par la pyramide, et, porté par une salle de 10000 personnes en transe, on se laisse faire sans broncher. Le plaisir d'écouter live et sur des enceintes surpuissantes Rollin' & Scratchin' et Da Funk (bien que tronqués) aide aussi pas mal. Lessivés après 1H15 d'un show violent, gatz et moi on était déjà prêt à repartir (ayant assisté au concert à Pukkelpop l'an dernier, on connaissait déjà le show, tout du moins le croyait on) lorsque que notre voisin nous interpella:"attendez, y a quatre jours ils ont fait un rappel de 10 minutes! ils ont joué du Stardust et du Together! c'était énorme!". Alors en effet il y a bien eu un rappel de 10 minutes, encore plus bourrin que précédemment, qui n'a pas apporté grand chose mais qui a eu le mérite d'exister. De toute façon on en avait déjà eu pour notre argent, le rouleau compresseur Daft Punk s'étant montré particulièrement efficace ce soir, à défaut d'être inspiré.




Daft Punk live @ bercy part 2
envoyé par elseprod


6/12/2007

FranZement Bon!


Leur nom renvoie à ce qui est sans doute la décennie la plus honnie de la musique indé. Mais avec leur premier album les 1990s sont résolument modernes et bien ancrés dans leur époque, à l'image de leurs contemporains, jouisseurs et hédonistes. L'été approche, la chaleur pointe le bout de son nez, les jeans slim laissent peu à peu la place aux mini-shorts, vous pensez certainement aux prochaines vacances mais pestez déjà à l'idée des bouchons qui vous attendent sur la route de Saint-Malo... Ca tombe bien, les 1990s vous proposent d'emmener avec vous des Cookies pour rendre le trajet moins long. Mais attention, pas n'importe lesquels, des Cookies deluxe. Originaires de Glasgow comme le fameux groupe d'Alexis Kapranos, avec qui ils avaient formé un groupe, ils partagent également la même profession de foi: faire de la musique pour faire danser les filles. A la manière du dernier film de Tarantino, Cookies n'est que plaisir et good vibrations. Souvent la rythmique s'emballe, devient folle, et embarque son auditeur et les chansons dans des courbes qui n'ont rien à envier aux héroïnes du Boulevard de la mort. Gorgé de tubes à ne plus savoir qu'en faire, c'est un premier album dont chaque morceau est susceptible de faire danser toutes les Christelle du monde sur les chemins des vacances, de Glasgow à Barcelone, de Paris à Berlin. A consommer sans modération.



1990's - You Made Me Like It

1990's - See You At Lights (mp3)

http://www.myspace.com/1990sband