6/11/2007

Digital Love


Mon premier contact avec Digitalism date des premiers jours d’un trop court échange Erasmus, en janvier 2006 vers le 10, dans un cybercafé de Copenhague : « Zdarlight », en hommage à l’un des parrains de la « french touch », Philippe Zdar de Cassius, aussi anodin qu’une roue de bicyclette danoise, ne m’avait pas marqué outre mesure, sans doute parce que mal écouté. Quelques mois après, en août 2006, suite à une journée mémorable au festival Pukkelpop ( Justice, Erol Alkan, Tiefschawarz ( le groupe que ceux qui aiment mépriser Bloc Party. adorent), Mylo, tous en DJ set, Arctic Monkeys, et Daft Punk), j’ai essayé de regarder les vidéos haute fidélité du festival sur Youtube. En tapant Erol Alkan Pukkelpop, je suis tombé sur cette vidéo, avec cette ligne de basse dantesque et - pensais-je alors - inconnue. Je me renseigne, un internaute, qui lui savait écouter de la musique, m’a répondu « c’est « Zdarlight » de Digitalism ». Depuis lors, et nostalgie d’Erasmus oblige, j’ai réévalué les roues de bicyclettes danoises, elles tuent autant que la ligne de basse de « Zdarlight », figurant sur Idealism, le très attendu premier album des hambourgeois Digitalism, chez Kitsuné. Et être idéaliste en 2007, est ce que ce n’est pas rêver d’un concert de Digitalism en forme de partouze sonore célébrant le retour d’un son d’avant « Is This It » des Strokes ? Sur Idealism, selon les morceaux, on a l’impression d’entendre des nappes de synthés, de beats, des gimmicks, ou voix, empruntés à Daft Punk (période Homework et Discovery), Underworld, ou encore Fatboy Slim, et je ne doute pas que d’aucuns citerons d’autres influences. Revisité par Digitalism ce son fait rimer 97 avec 2007, ou 98 avec 2008, pour les plus grands fans qui ne manqueront pas de gigoter sur les hymnes en devenir que sont « Pogo », « I Want I Want » ( climax idéal d’un DJ set ), « Idealistic », « Digitalism in Cairo »…

Digitalism - Pogo

Digitalism - I Want I Want ( mp3)

Télécharger

6/08/2007

Thursday Evening


Premier choc en arrivant à la Boule Noire: putain, et dire que j'ai loupé les Libertines quand ils y sont passé, il y a déjà quelques années de ça. C'est une toute petite salle, très sympa, très rock'n'roll, parfaite pour assister aux débuts d'un groupe. Ca tombe bien,Ultra Orange & Emmanuelle donnent leur premier concert ce soir. Arrivé parmi les premiers, je notai un public essentiellement masculin (Emmanuelle?) et âgé (j'en soupçonne même certains d'avoir assisté au premier concert du Velvet tant ils me semblent plus tout frais). Il faut dire que l'essentiel des midinettes parisiennes et des jeunes en général (bon sang, ils ont pas un bac à réviser tous ces lycéens?) étaient à la Cigale voisine pour le concert de Justice. J'attendais pas grand chose de ce concert, passé le coup de foudre de Sing Sing et l'achat un peu compulsif de mon billet, l'excitation était vte retombée à l'écoute d'un album agréable mais à qui il manquait ce petit quelque chose qui fait la différence. Mais cette étincelle, ce "mojo", le groupe l'avait gardé pour cette belle soirée de fin de printemps. Ultra Orange & Emmanuelle sont arrivés à 20H30 pour livrer une prestation remarquable, enflammée, rock'n'roll. D'ailleurs ils ne se sont pas trompés en reprenant I'm Sick Of You des Stooges, dans une version d'abord toute en rage contenue avant de libérer leur énergie tel un acteur porno qui se "lâcherait" à la fin d'une partie de jambes en l'air filmé... Aucun morceau ne ressemblait à son enregistrement album, mais au contraire jouissait d'une version live nerveuse, tendue, plus libre et moins policée. Terriblement rock'n'roll. Et Emmanuelle? Tantôt hautaine, électrique, lascive ou épileptique, elle a prouvé qu'elle avait sa place, jouant de tous les registres pour habiter la scène. Définitivement rock'n'roll. Ce qui était le plus étonnant c'est le sentiment que tout cela était naturel chez eux, qu'ils ne se forcaient pas, et qu'au contraire tout coulait de source. Un concert étonnant, qui est allé crescendo, et qui a montré la volonté du groupe d'offrir un vrai concert et pas seulement une tournée de promotion. Assurément sur le podium de ma playlist des meilleurs concerts de l'année. A la fin du concert je me rendis compte que si les copies-papier (glacé) des couvertures de 20 ans ou Cosmo ont préféré aller suer sur Justice, c'était plutôt les créatures classes des podiums ou des plateaux qui se sont rendus à la Boule Noire: en bref, on était entre gens de bon goût.

6/07/2007

Justice For All


Le premier album de Justice sort le 11 juin, et c'est indéniablement un des événements de l'année, pas seulement sur la scène musicale française, mais également internationale, tant ils sont attendus depuis leur fameux We Are Your Friends, entendu ici et là jusqu'à l'écoeurement. A tel point d'ailleurs que l'on peut se demander si ils ne vont pas voler la vedette à leurs glorieux aînés, le 14 juin prochain en première partie deDaft Punk. A l'écoute de ce premier album, la première chose qui me vient à l'esprit est qu'il y a dix ans justement sortait le premier album de Daft Punk. Et que pour leur voler la vedette il faudrait au moins que les Justice occupent la scène de Bercy avec le Phare d'Alexandrie.Parce que dix ans plus tard, des morceaux comme Da Funk, Around The World, Rollin' & Scratchin' ou autre Burning n'ont pas vieilli et enterrent n'importe quel morceaude ce premier opus des nouveaux chouchous de Ed Banger Records, album fade qui n'apporte pas grand chose à la cause électro. Alors en 2007, si vous voulez être hype, ressortez un album de 1997 et faîtes vos devoirs.

6/06/2007

Fridge



Fridge est un trio anglais regroupant Kieran Hebden aka Four Tet, Adem Ilhan aka Adem, et Sam Jeffers. Le groupe existe depuis dix ans et fut signé sur le label Output de Trevor Jackson (Playgroup), pour ses deux premiers disques, puis chez Go Beat ! For Eph, avant de créer leur propre label : Text, chez qui The Sun, leur cinquième, doit sortir le 12 Juin. Pour ceux qui comme moi n'ont écouté que Rounds et Everything Excstatic de Four Tet, sans avoir écouté Adem, on dira simplement que les morceaux en écoute sur le myspace du groupe se rapprochent, pour la plupart, des pistes les plus pastorales et rêveuses de Rounds, mes préférées.

http://www.myspace.com/fridgemusic


6/04/2007

It's A Fucking Life


Première idée qui m'est venue à l'esprit en arrivant à l'Elysée Montmartre pour le concert de Sparklehorse:il doit y avoir moins de spectateur qu'il y en a eu pour le premier concert du Velvet. En effet, assistance clairsemée et rideau noir tiré coupant la salle en deux donnent le ton d'un concert intimiste.Tant mieux après tout, Sparklehorse est de ces groupes chéris que l'on veut garder pour soi tant ils ont su compter dans notre vie et nous accompagner dans d'intenses moments de solitude. Sparklehorse est un groupe qui compte pour moi depuis It's A Wonderful Life (2001) et l'écoute du dernier album n'avait fait que renforcer sa place dans mon coeur. J'avais été très déçu de louper leur venue en décembre dernier pour cause d'études dans le sud, et j'ai accueilli ce rattrapage de juin avec un énorme bonheur. Et ma déception en en aura été plus grande. Non pas que les chansons de Sparklehorse ne soient pas bonnes. Au contraire elles ont été très belles. Mais là où elle révèlent toute leur puissance émotionnelle écoutées après minuit, seul dans une pièce plongée dans l'obscurité, elles semblent inappropriées un samedi soir, entouré de monde, aussi fans soient ils.Je ne suis jamais rentré dans la petite heure de concert que Mark Linkous a constituée en piochant dans les chansons les plus calmes et appaisées (les plus obscures?) de ses premiers albums, négligeant les deux derniers. Une énorme déception. Peu de gens étaient présents ce soir, mais je suis pas sûr qu'il y en ait beaucoup qui veut fonder un groupe pour monter sur scène. Heureusement il reste de magnifiques albums à se réécouter jusqu'à la fin des temps. Tiens, il est minuit passé, je sais ce que je vais écouter...

6/02/2007

En attendant

.... La Route du Rock :

5/25/2007

Diamonds Are Forever


Je l’avoue, je ne sais pas trop comment parler de ce disque que je n’arrête pas d’écouter depuis que j’ai vu ce nom étincelant sur le site américain Stylus. D’abord parce qu’il s’agit de Kathy Diamond et qu’elle a déjà enregistré plusieurs disques que je n’ai pas encore eu le loisir d’écouter. Ensuite parce que sa musique appartient à un style dont je n’ai qu’une connaissance lacunaire qui se limite à Funkadelic, Cymande, Stevie Wonder, et aux morceaux le plus « bass heavy » des Red Hot Chili Peppers. Bien entendu il s’agit du funk, qui chez Kathy Diamond prend des grands airs de diva blonde platine. Un funk qui se serait abreuvé aux sources des musique électroniques des années 90 et 2000, comme si Kompakt avait décidé de signer son premier artiste « funk ». Sur « All You See In a Woman », mon morceau préféré de son dernier LP Miss Diamond To You, on a l’impression d’entendre la ligne de basse du hit « Don’t Mess With My Man » des éphémères Lucy Pearl, sauf que Kathy Diamond fait durer le plaisir pendant plus de six minutes, le temps pour elle de réunir fans d’electro, de pop et de funk sous une boule à facettes remise au goût du jour. Et il faut s’y faire parce que ce sera le leitmotiv de Kathy Diamond sur toute la durée de l’album : faire durer le plaisir, ou du moins repousser le plus tard possible l’échéance de l’orgasme. Sur « Until The Sun Goes Down » (clin d’œil aux Arctic Monkeys, eux aussi issus de Sheffield ? ), il faut attendre quatre minutes. Pour une telle récompense l’attente n’a pas de prix, comme elle le chante si bien dans « Waiting For the Moment ». « Over », le tube cold disco de l’album qui sert de teaser sur le myspace de la chanteuse, est le titre plus immédiat du disque, et sonne comme du Moloko sous Prozac. « Another Life » nous montre le chemin vers un dance floor nimbé d’éther, où les basses flottent sur des édredons de synthés, et les guitares slide surgissent d’outre-tombe. Quant à « I Need You », le titre qui vient conclure l’album de la plus belle des manières, il donne le sentiment que les diamants brillent davantage sur un écrin estampillé Superpitcher.


Kathy Diamond - Over (myspace)

5/18/2007

Good Medication

Ma découverte de ce premier semestre 2007: Living With the Living de Ted Leo & The Pharmacists. Ecouté un peu par hasard en début de semaine, depuis il n'a plus quitté mon Archos. Un album frais, enthousiasmant, où ils se permettent même un (grand) morceau de reggae. Cet album me fait un peu le même effet que le premier Eagles Of Death Metal il y a 3 ans: une certaine insouciance, joie de vivre, l'envie de courir dans les couloirs bien gris du métro parisien... Les new-yorkais en sont à leur cinquième album, ça donne une furieuse envie de découvrir les précédents. Ma bande son rock de cet été assurément.

5/14/2007

Le Feu Sacré


On écoute quoi lorsqu’il n’y a plus rien de récent et d’excitant à écouter ? On réécoute des classiques personnels plus ou moins récents, histoire de ressusciter l’excitation disparue avec les écoutes déçues. On flâne sur la Blogothèque à lire les posts de Jamais Pareil, chercheur d’or pop. On se décide à réécouter des disques que l’on n’a pas aimé, contrairement à presque tout le monde, dans l’espoir de les aimer, comme presque tout le monde.A l’époque où la Blogotheque avait diffusé le Concert à Emporter de l’Olympia, je ne comprenais pas l’enthousiasme fanatique et quasi-unanime des internautes pour Neon Bible. Pourtant j’avais aimé Funeral, et « Haïti » était la bande son de mon printemps 2005. Je ne comprenais pas, et en réaction à ce concert de l’Olympia avec Electrelane en première partie, j’avais envie de dire avec toute ma mauvaise foi : « J’y étais à ce concert et je suis parti en fin de première partie ». Pourtant après avoir réécouté Neon Bible, je comprends mieux, même si je continue d’avoir quelques réserves. Le lyrisme exalté de Funeral est présent sur Neon Bible, et c’est, à mon avis, ce qui en fait un disque attachant, que d’aucuns pourraient trouver chiant l’opposant à l’hédonisme triomphant des Klaxons et CSS. On peut seulement regretter que ce lyrisme à fleur de peau soit parfois noyé sous des océans de violons sur « Black Mirror » par exemple, morceau pataud, qui a priori n’en demandait pas tant. On peut également regretter que « Black Wave/ Bad Vibrations » ne s’appelle pas tout simplement « Bad Vibrations » ou « Good Vibrations », on peut toujours rêver, tant « Black Wave » est laborieuse. En revanche j’écoute sans déplaisir les morceaux qui me font penser à cette époque où Arcade Fire partait à la conquête du monde, avec dans son sillage des adeptes de plus en plus nombreux. Je pense à « Keep The Car Running », à « No Cars Go » ou encore « The Well and The Lighthouse », ces chansons où les violons n’ont plus le droit de veto sur toute velléité mélodique, laissant le feu sacré prendre à son aise. Enfin « Antichrist Television Blues » efface tous les doutes quant à l’origine de cet enthousiasme fanatique et quasi-unanime des internautes : ce groupe est l’opium du peuple indé.

http://www.myspace.com/arcadefireofficial

5/13/2007

Pogism

La toute nouvelle vidéo de "Pogo", le single sautillant de Digitalism, est disponible ici.

5/11/2007

Xavier le Normand


Cette semaine le numéro des Inrockuptibles, avec les Arctic Monkeys en couverture, était assorti d'un disque sampler qui regorgeait de bonnes surprises: Digitalism avec ce "Pogo" electro pop de bonne facture, The Pigeon Detectives (merci Yalego) qui confirment, Twisted Charm et surtout Axe Riverboy. Quelques semaines auparavant on avait appris de Xavier Boyer, leader du groupe Tahiti 80, qu'il s'apprêtait sortir un album solo, enregistré dans son home studio rouennais. Je m'attendais nullement à l'entendre sur un sampler Inrock aussi rapidement, surtout comme çà : "c'est qui ce mec qui chante après Malajube ? on dirait du Tahiti 80" et bien c'est Axe Riverboy, ou Xavier Boyer pour les amateurs de Scrabble, et sa chanson promet de faire tournoyer les jupes des Japonaises, fans de longue date de Tahiti 80.

Axe Riverboy - Roundabout (myspace)

5/10/2007

Zazie traverse l'Atlantique

Pour information, en signe de la nouvelle amitié franco-américaine, le webzine Pitchforkmedia a reçu le LP1 des Plastiscines dans son courrier et s'est donc fendu d'une chronique que j'ai essayé de lire, une fois n'est pas coutume. Et on est au moins d'accord sur un point :"Loser" et "Zazie fait de la bicylette" sont les meilleures chansons de l'album. Et dire que j'ai raté le concert des Slits et (à ma connaissance) du premier punk girls band français de l'histoire à être chroniqué par Pfk, tout çà à Brest.

Chronique à lire sur Pitchfork
Interview brestoise des Plastiscines.

5/09/2007

Robot après tout.

Ces derniers temps l'Australie ne brille pas par la qualité de ses joueurs de tennis, on attend avec impatience le successeur de Layton Hewitt. En revanche, il faudrait vraiment être chauvin, ce qui m'arrive encore quand j'entends Phoenix, Tahiti 80, Justice ou Daft Punk, pour ne pas reconnaitre d'avantage comparatif à l'Australie dans le domaine de la "pop moderne"(1), ce qui en fait une puissance émergeante face aux rouleaux compresseurs américains, canadiens et anglais. Et si on devait la réduire à un centre névralgique, ce serait Melbourne, la ville des Avalanches et Cut Copy(2) entre autres, la ville où un club organise des soirées "DJ Are Rock Stars", dans lesquelles Harris Robotis officie. Son titre "Beat on The Street" n'est pas loin de confirmer l'affirmation précédente, en lui conférant ce statut à un niveau local. En attendant qu'il soit adopté en masse par les kids de l'hémisphère nord.


(1) Magic marque déposée
(2) dont la tournée est presque sold out

5/08/2007

Sick Of It All


Le premier extrait du nouveau Queens Of The Stone Age a fait son apparition sur le Net. Il s'appelle "Sick Sick Sick" et tape du poing sur la table du médecin, QOTSA needs more "Medication". Ce morceau d'enthologie fait passer le dernier single des White Stripes pour "The End As No End" des Strokes. Rien n'a été entendu d'aussi puissant et spontanément jouissif depuis "Little Sister" des QOSTA, l'année où ils avaient volé la vedette aux Pixies à Rock En Seine.

Queens Of The Stone Age - Sick Sick Sick

5/07/2007

Single of The Week

A force de débattre de politique en vient à oublier l'essentiel : écouter des disques, regarder des vidéos sur youtube, écouter des morceaux sur myspace. En de telles circonstances les morceaux qui marquent le plus les esprits sont des singles FM entendus à la sortie de la douche ou dans la voiture. Dans ce registre les singles de Nelly Furtado sont imbattables. Qu'il s'agisse de "Say it Right" ou de "All The Good Things", ses derniers singles ont, chacun à leur manière, ( R&B, pop guimauve) marqué des points, ne me lachant pas d'une semelle ces derniers jours.



Nelly Furtado - All Good Things

Carte de Séjour

Pour fêter l'arrivée de notre nouveau président, rien ne vaut une reprise de "Rock the Casbah" du Clash signé Rachid Taha, qui, une fois n'est pas coutume est encore meilleure que l'originale.



Rachid Taha - Rock El Casba

5/04/2007

Un Week End Royal


Vous avez aimé Architecture in Helsinki, I am From Barcelona, ces groupes à géométrie variable oeuvrant pour la construction d'un avenir pop collectif, le projet des glaswegiens Royal Week End remportera votre adhésion : le week-end de trois jours, la parité respectée ( 3 femmes, 3 hommes), le retour du soleil en Ecosse (et ailleurs) pour une durée indeterminée et des hymnes à la joie à chanter tous les matins sous la douche.

The Royal Week End sur myspace



5/03/2007

Spice Girl


" L'année précédente, Pedro nous avait présenté à Pharell Williams. On est allé le voir dans un studio où l'on a pu admirer sa méthode de travail: avachi sur un canapé avec la chanteuse à califourchon sur lui, il donnait des ordres à un nerd qui bidouillait un ordinateur. Pharell in full effect"[1]. Peut-être que cette méthode de travail a produit ce qui s'est fait de meilleur en R&B et pop depuis le début du siècle, ne serait-ce que pour les albums issus de la collaboration Kelis / Neptunes ( Pharell Williams et Chad Hugo). Ceci n'est pas près d'arriver à TheCocknBullKid, soit la voix mutine de Kelis posée sur des beats tropicaux et humides comme on en a entendu sur Arular, le premier album de la londonnienne M.I.A. En effet cette anglaise d'origine ghanéenne travaille seule pour l'instant. A entendre ses premières chansons Pharell Williams ne devrait pas tarder à proposer ses services.

The CocknBullKid - Psycho Killer (myspace)

[1] Justice dans Technikart - Mai 2007


5/01/2007

Leave Them All Behind


Leur premier album avait provoqué en moi les espoirs et les rêves les plus fous. Enfin, j'allais avoir un groupe à moi, à ma génération à moi, à revendiquer fièrement, tel un étandard derrière lequel se rassembleraient les indiekids de toutes tribus, de gauche comme de droite. Un équivalent des années 2000 au Nowhere de Ride. C'était il y a à peine un an et, après un single incendiaire, ils avaient livré un premier album gorgé de tubes et d'hymnes, au titre tel un manifeste. Las, entre un album au plaisir très (trop) immédiat écouté jusqu'à l'usure, et des concerts très (trop) fantasmés et décevants, le bilan en fin d'année n'était pas si brillant et je m'étais rendu à l'idée que cela ne resterait que le groupe de l'album symbole d'une année 2006 entre espoir et frustration. Mais on apprend pas au vieux singe à faire la grimace. Surtout quand ils sont quatre et qu'ils ont même pas 20 ans de moyenne d'âge. Pour être honnête, je n'attendais pas les Arctic Monkeys -puisque, vous l'aurez compris, c'est d'eux qu'il s'agit- à un tel niveau pour leur deuxième album. Là où tant de leur compatriotes et/ou contemporains se sont pris les pieds dans les fils (d'amplis) au moment de livrer leur deuxième opus, le combo de Sheffield nous surprend. Et reprend d'office la tête dans la course au titre de meilleur album de l'année. Si les Arctic Monkeys n'ont pas renié ni leur jeunesse ni leur fulgurance (Brianstorm), il font preuve d'une étonnante maturité tout au long de Favourite Worst Nightmare, album aux accents plus pop voire funky, comme si, en cette période électorale, ils nous montraient la voie à suivre, celle de la douceur et de la lumière, plutôt que celle de la force et de la violence... Et sur Only Ones Who Know , ils se payent même le luxe d'écrire une des plus belles chansons de ce printemps estival, à ranger dans la catégorie des ballades éternelles, domaine dans lequel, à l'heure actuelle, seules Keren Ann et Feist peuvent les tutoyer... Vous allez me dire "mouais, encore un album au plaisir immédiat, qu'on va écouter en boucle jusqu'à s'en lasser, qu'ils vont pas être capable de défendre sur scène, c'est pas un grand groupe qu'on tient là". Oui mais voilà. Si tous les ans ils nous livrent un album d'une telle facture, en bande son parfaite de l'année, on va peut-être finir par jouer les vieux singes; et à notre fille qui dans 20 ans nous parlera du nouveau groupe en The (que bien sûr, on trouvera nul... :-P), on lui répondra: "quand j'avais ton âge au moins y avait les Arctic Monkeys pour sortir des albums qui me faisaient rêver".

http://www.youtube.com/watch?v=30w8DyEJ__0

Feistival


Lorsque j'écoute un disque à répétition, comme le dernier Rakes par exemple, je me sens un peu coupé des réalités du terrain. J'entends par là de ce qui serait jugé excitant en faisant abstraction de toute hype, buzz.... Et quand je me sens un peu coupé des réalités du terrain, il m'arrive de demander à Cocokwaze : "Quels sont tes derniers coups de coeur ?". Connaissant son enthousiasme parcimonieux pour les next big things et trucs myspace, je suis assez certain de la qualité de ses propositions. Même si c'est souvent dit du bout des lèvres, on ne s'en fait pas, on écoute les yeux fermés. Il y a peu de temps, je lui ai posé la fameuse question. Et il m'a répondu : "Feist". Elle est un peu moins hype qu'il y a trois ans, à l'époque de la sortie de son premier album Let It Die, qui avait connu succès critique et commercial (à retardement et surtout à l'est de la ligne 4). Entre temps elle est revenue s'amuser auprès de ses amis du collectif canadien Broken Social Scene, auteurs d'un disque réussi du même nom (je n'ai pas encore écouté le premier).
Sur The Reminder, son nouvel album, Feist est retournée à ses amours françaises. Le disque a été enregistré live à Paris, et cela s'entend. Sa voix souffle le chaud et le froid selon l'humeur des chansons, nous revient souvent en échos, comme si Feist chantait dans une église où nous nous serions risqués à mettre les pieds. La chanteuse canadienne est nomade, on s'en doutait un peu, et quand elle se pose dans "The Park", sa guitare à la main, sa voix fait s'épanouir toute la flore environnante, et nous avec. Sur "Brandy Alexander", accompagnée de quelques notes de piano et de volutes de cordes satinées, sa voix, encore, son arme de séduction massive, transperce les coeurs les plus aguerris. Ce disque ne serait qu'un sommet de mélancolie soul, s'il ne recelait pas de pépites pop "Mushaboom". On pense notamment à "1,2,3,4", cette chanson intemporelle que l'on réécoutera dans cinq ans avec un plaisir intact, comme si elle était sortie dans les années 60 marquée du sceau Burt Bacharach, mais aussi à "My Moon Man" et "I Feel It All". Ah j'allais oublier, comme Antony, peut être la plus belle voix soul de ces dernières années avec Feist, notre amie aime Nina Simone, et lui rend hommage à sa manière en réinterprétant son classique "Sea Lion Women", qui est paradoxalement le titre le plus Broken Social Scene de The Reminder. Après avoir écouté ce disque, peut être aurez vous aussi envie de poser la fameuse question à Cocokwaze...



Feist - 1,2,3,4

Disque en écoute intégrale sur http://www.myspace.com/feist